Conserves lactofermentées : 3 recettes de grand-mères
Conserves lactofermentées : 3 recettes de grand-mères
Le Festival végane de Montréal a eu lieu ce samedi 28 septembre dernier et vraiment, vraiment. Quel événement!
Un monde fou il y avait! Mon coeur se réjouit de penser à cette belle foule de curieux et passionnés qui ont rempli les salles du Coeur des sciences de l’UQAM pour rencontrer des experts, discuter avec les exposants, découvrir des nouvelles recettes et produits véganes et en apprendre plus sur le véganisme et l’alimentation végétale. On sent qu’une grande partie de la population est sensibilisée à la question du bien-être animal et aux avantages nutritionnels de l’alimentation végétale et ça ne fait qu’être encore plus encourageant pour nous qui travaillons à vous transmettre plus d’informations et d’outils pour végétaliser votre assiette. Continuons ensemble à inspirer les gens!
À vos conserves!
Plusieurs curieux ont assisté à ma démonstration culinaire portant sur l’un de mes sujets favoris : les lactofermentations. C’était beau de sentir tant de passion autour de la table! Et cette démo ne pouvait pas mieux tomber : l’automne est à nos portes, on vide les jardins et l’appel des conserves se fait sentir.
Et si, cette année, vos conserves étaient lactofermentées?
Qu’est-ce que c’est ?
La lactofermentation se définit comme étant une transformation active des aliments effectuée par les bactéries de type lactobacillus. Cette méthode de mise en conserve ancestrale était utilisée par nos aïeux bien avant l’apparition de l’appertisation. La lactofermentation encourage le développement des bactéries lactiques naturellement présentes sur la surface des aliments et celles-ci produisent de l’acide lactique, un produit dérivé de leur métabolisme. C’est justement cet acide lactique qui produit une saveur acide et permet la conservation à long terme de l’aliment.
Petites astuces
Bien qu’infiniment simples à faire et à réussir, la lactofermentation est l’un des sujets les plus mystérieux en alimentation saine. Pour vous rassurer et éclaircir la question, voici quelques petites astuces à garder en tête lors de vos premières expériences.
Les bactéries font tout le travail.
Lorsque je parle lactofermentation avec les gens, la première remarque que j’entends, c’est la crainte de la prolifération de bactéries pathogènes. Il faut se rappeler que, par opposition à l’appertisation, qui élimine toute trace de bactérie pour conserver les aliments, la lactofermentation utilise le pouvoir des bactéries pour transformer l’aliment et le rendre propice à la conservation de longue durée. Ainsi, en créant de l’acide lactique, les lactobacillus créent un environnement propice à leur développement optimal alors que ce même milieu est hostile au développement des bactéries pathogènes (E. Coli, Salmonella, Shigella, etc.)
Les aliments de première qualité, c’est la clé du succès.
Simple est la liste d’ingrédients de base pour réussir vos lactofermentations : sel, eau, légumes, quelques épices, une culture bactérienne (facultative), et voilà! Votre succès va dépendre à 100% de la qualité de vos ingrédients. Vos légumes? Biologiques.Votre sel? Non raffiné, marin ou de l’Himalaya. Votre eau? Filtrée, la plus pure possible. La présence du cocktail de produits chimiques sur les légumes, le sel de table avec iode ajouté et le chlore contenu dans l’eau du robinet font tous obstacle au développement des bactéries lactiques, essentielles à votre succès.
Sentir, goûter, tester, réussir.
Plusieurs m’ont partagé que leurs premières expériences ont atterri dans la poubelle par crainte d’avoir raté la recette. La couleur semblait bizarre, les légumes du dessus avaient une drôle d’apparence, il y avait quelques mouches autour du pot… Et à toutes ces observations, je réponds : avez-vous senti, goûté votre recette? À toutes les fois, la réponse est non. Vous devez me croire : lorsqu’une lactofermentation tourne mal, ça sent mauvais, très mauvais. Du type qui embaume la maison pendant des heures. La transformation bactérienne qui s’effectue auprès des légumes va changer leur apparence et leur texture, elle va aussi entraîner le développement de nouvelles saveurs plus complexes, typiques de la fermentation. C’est normal. L’important ici, c’est de sentir et goûter du bout d’une cuillère avant de mettre à la poubelle. Si la saveur est fraîche, acidulée, complexe, peut-être un petit peu pétillante (c’est possible), mais pas rebutante, votre lactofermentation est heureuse.
Bienfaits & merveilles
La lactofermentation : une prédigestion des aliments
Les modes d’action des bactéries lactiques sur les aliments dans les lactofermentations sont multiples. Notons entre autres l’effet de prédigestion des nutriments. En simplifiant les molécules complexes, comme les polysaccharides et les protéines, en molécules simples, monosaccharides et acides aminés libres, on améliore la digestion et l’assimilation des nutriments.
Les lactofermentations sont plus nutritives
La lactofermentation favorise le développement de nouvelles substances. Notons ici les vitamines du groupe B qui se développent (acide folique, riboflavine, niacine, thiamine et biotine) suite au métabolisme des lactobacilles. On parle aussi d’une fonction antioxydante plus importante, de la création par les lactobacilles d’acides gras polyinsaturés de type oméga-3, de phospholipides, de bêta-glucan et d’enzymes digestives.
Inhibition des facteurs antinutritionnels
Le processus de lactofermentation favorise l’inhibition de l’acide phytique présente dans les légumineuses et les céréales complètes. Cette molécule a la fâcheuse habitude d’entraver l’absorption du zinc, du fer, du calcium, du magnésium et d’autres minéraux présents dans les aliments. Tous les produits lactofermentés à base de céréales et de légumineuses (tels que le pain au levain, le miso, le tempeh, etc.) sont alors à privilégier pour s’assurer de bien assimiler tous les minéraux.
Les lactofermentations : toniques digestifs & immunitaires
Les lactofermentations participent à la digestion grâce à leur teneur en enzymes actives qui assisteNT le travail de nos propres enzymes lors des repas. Elles inoculent aussi la flore intestinale de bactéries aptes à digérer partiellement les macronutriments. Elles seront d’une aide précieuse lors de troubles digestifs tels que la diarrhée, gastro-entérite puisque les lactobacilles entrent en compétition directe avec les bactéries pathogènes causant les désordres digestifs. Cette compétition empêche la croissance des bactéries Shigella, Salmonella et E. Coli. À tout cela s’ajoute la protection de l’intégrité du microbiote. Précieuses alliées de notre immunité, les lactofermentations favorisent l’intégrité de notre flore intestinale qui correspond à l’une de nos premières lignes de défense immunitaire.
***
Les recettes
J’ai proposé, lors de la démonstration culinaire du Festival végane de Montréal, deux recettes de grand-mère. Deux conserves classiques que l’on retrouve dans le fond des placards et qui nous font sentir à la maison : le ketchup vert et les concombres marinés. Pour compléter le dossier, une petite nouvelle s’ajoute au portrait : les betteraves marinées! La culture bactérienne que j’utilise est le jus de choucroute, on le trouve facilement en magasin d’aliment naturel. C’est la seule culture végétale que j’ai réussi à trouver, les autres ayant toujours quelques traces de produits laitiers dedans. Si vous n’en trouvez pas, doublez simplement la quantité de sel indiqué dans les recettes un peu plus bas.
INGRÉDIENTS 4 tomates vertes 1 tasse d’oignon espagnol haché finement 1 tasse de fenouil haché finement 1 gousse d’ail hachée finement 1 pomme pelée coupée en petits cubes 5-6 tranches fines de piments jalapenos 1 cuillère à thé de graines d’anis ½ cuillère à thé de graines de moutarde jaune 7-8 grains de poivre noir 3-4 grains de piment de la Jamaïque 1 cuillère à soupe de sel de mer ¼ tasse de jus de choucroute ½ tasse d’eau filtrée * MARCHE À SUIVREKetchup vert lactofermenté
INGRÉDIENTS 1 tasse d’eau filtrée ¼ tasse de jus de choucroute 1 cuillère à soupe de sel de mer 2 tasses de tranches de concombres d’environ ½ cm d’épaisseur 1 tasse d’aneth frais grossièrement haché 1 tête d’ail coupée en 2 sur le sens de la largeur 1 cuillère à soupe de graines de moutarde jaune MARCHE À SUIVREConcombres à l'aneth lactofermentés
INGRÉDIENTS 500 ml d’eau filtrée 1 cuillère à soupe de sel de mer 6 petites betteraves pelées, coupées en tranches fines (environ 2-3 mm) 1 morceau d’un pouce de gingembre, coupé en tranches fines 2-3 morceaux de zestes de citron 1 cuillère à thé de graines de coriandre Quelques grains de piments de la Jamaïque * MARCHE À SUIVREBetteraves lactofermentées au gingembre et au zeste de citron
Pour en savoir plus sur le sujet, je vous invite fortement à vous procurer les deux livres de Sandor Katz, un vrai pro de la lactofermentation!
Merci Marigil pour les recettes de lacto fermentation. J’ai assisté à ta démonstration au Festival Vegane et depuis, j’ai bien le goût d’essayer! J’ai justement des betteraves, je m’y mets dès cette semaine! Encore félicitations pour la popularité de ta démonstration!
voici aussi un site complet sur la lactofermentation ..
http://www.nicrunicuit.com/
Coucou!
On gèle chez moi et mes cultures ont toujours bin de la misère…
Si je mets mes conserves dans le déshydrateur à 40 degrés, est-ce que ça va bien fermenter, ou c’est trop chaud??
Bonjour Marigil, Auriez-vous une recette avec la fleur d’ail dans l’huile d’olive lactofermentée.
Merci
Bonjour, je me demandais si on pouvait utiliser du bio k liquide de soya au lieu de jus de choucroute? Si oui qu’elle quantité serait bonne? Merci pour les recettes, j’ai bien hâte de faire des betteraves lacto fermenté.